mardi 6 novembre 2007

Article de presse, L'Indépendant (6 novembre)

Des étudiants contre l’autonomie et la négociation

Depuis 5 jours, les cours à l’université sont perturbés par des étudiants qui ne veulent pas de la loi d’autonomie. Une assemblée générale se tiendra demain, elle décidera de la suite du mouvement. On pouvait circuler sans problème, hier, sur le campus de la fac, mais il n’était pas question d’entrer dans l’amphi 4.

Le comité de grève étudiant veille. "La décision de bloquer l’amphi a été prise mercredi dernier le 31octobre, assure Yann, 4e année de lettres, casquette vissée sur la tête, barbe de deux jours avec un regard acéré et décidé. Nous appliquons donc cette décision depuis 5 jours, nous empêchons les cours, et nous dormons sur place. Nous sommes une trentaine pour nous relayer et faire appliquer la décision".

Ce mouvement est directement lié au projet de loi d’autonomie que réfutent en bloc les étudiants. Les arguments pour dénoncer les méfaits de la loi sont nombreux, parmi les motivations avancées: menace sur les filières les moins rentables, spécialisation des universités, hausse des frais d’inscription, entrée sélective, concurrence universitaire.

"Ce que nous demandons, résume Pierre étudiant en master catalan, c’est l’abrogation pure et simple de la loi, sans négociation". Un autre étudiant en grève et membre du piquet présent à l’amphi 4 démontre encore: "Commencer à négocier, c’est déjà commencer à perdre".

Sur le campus il y a bien des groupes mécontents de ne pouvoir suivre normalement les cours et qui trépignent devant les salles vidées de leurs chaises et leurs tables. "On est là pour bosser, pas pour remettre en cause les réformes", fulmine Rémy étudiant en master 2. Quant à savoir s’il est pour ou contre la loi: "Franchement, je ne la connais pas en détail, reconnaît l’étudiant, mais je suis sûr que beaucoup d’étudiants en grève ne la connaissent totalement pas non plus. En tout cas pendant ce temps-là il y a un risque pour le passage des examens, et là c’est grave".

Du côté des grévistes, cet ultime argument est rapidement balayé. "Depuis 68, calcule Lola, étudiante en français langue étrangère, il n’y a pas eu une année où les examens on été annulés. Même au moment du mouvement contre le CPE, alors que l’établissement était occupé durant 3 semaines, les examens se sont passés sans problème. C’est un faux argument, un spectre que certains profs et l’administration agitent pour nous discréditer".

La fac de Perpignan est la 4e de France à être plus ou moins partiellement bloquée, avec Paris-Tolbiac, Rouen et Aix, mais là, la fermeture a été demandée par l’administration. Demain mercredi à 10h, le comité de mobilisation se réunira pour une nouvelle assemblée générale et décidera de la poursuite du mouvement.

Une association vient de se créer, elle veut rassembler les étudiants et le personnel enseignant contre le blocage. "Nous ne sommes pas pour le principe de la grève, assure François Lietta de cette association "de sensibilité de droite". Nous dénonçons, en revanche, le blocage. Nous serons présents demain à l’AG pour donner notre interprétation de la loi qui a fait d’ailleurs l’objet d’une concertation avec l’ensemble des syndicats étudiants. Une minorité militante constituée surtout de membres d’extrême gauche, perturbe l’enseignement supérieur sans aucun égard pour les 11000 étudiants qui souhaitent travailler dans la sérénité".

Ils dénoncent également la casse de matériel, de tags sur les murs et demandent au président de l’université de veiller à la reprise des cours et d’empêcher "toute prise en otage des étudiants".

D. Dupont