mercredi 14 novembre 2007

Article de presse (Travailleur Catalan)


La contestation étudiante monte d’un cran

La loi d’autonomie des universités, concoctée par la Ministre de la recherche et de l’enseignement supérieur est de plus en plus contestée par les étudiants. Il y a quelques jours, Perpignan était la 4ème université à voter la grève avec blocage. Mercredi, on en décomptait déjà 15. Il est vraisemblable que le mouvement aille en s’amplifiant.

On la sentait venir cette contestation à l’université de Perpignan. Depuis plusieurs jours, les arrêts de cours se multipliaient, l’occupation symbolique de l’amphi 4 avait été décidée mais le mouvement était encore sporadique. Mercredi, il a semble-t-il franchi une étape. La Présidence de l’université, attentive aux échos médiatiques de l’agitation universitaire en France (malgré les vacances universitaire, 15 universités étaient à ce jour en situation de grève ou de blocage) avait recommandé aux enseignants de ne pas faire cours entre 10 et 12h.

Résultat : plus de mille étudiants rassemblés sur l’espace central de l’université à l’appel du collectif de grève. Par contre, les personnels étaient très peu visibles. Après un moment de cafouillage, le débat s’est vite organisé avec le souci de s’écouter et d’entendre des arguments opposés. Une maturité qui allait jusqu’à demander de ne pas perturber le déroulement du débat par des applaudissements intempestifs mais de se contenter de d’agiter les mains. C’est sympathique et efficace.

Les « marionnettes » étaient les plus nombreuses pour les interventions (pas plus de 2 minutes s’il vous plait !) qui fustigeaient la loi, même si c’était avec plus ou moins de bonheur. L’auditoire apprécie lorsqu’un étudiant cite le titre du magazine le Capital qui résume parfaitement les objectifs de la loi LRU, « Libertés et responsabilités des universités » (un tel intitulé, il fallait le faire !) : « Présidents tout-puissants, liberté d’embauche, ouverture au privé…la nouvelle loi sur l’autonomie des facs va chambouler nos campus et tous n’y survivront pas ».

Le patronat ne s’y est pas trompé et les bonnes intentions de la Ministre Valérie Pécresse, ne leurrent qu’une poignée d’intervenants. On voit bien que de nombreux étudiants sont inquiets de ce que l’interruption des cours pourrait compromettre leur année mais ils ne partagent pas pour autant les propos outranciers de ceux qui s’opposent au blocage.

On sent bien qu’ils sont réceptifs aux arguments des défenseurs de la fonction critique du savoir, de la liberté de choix, du refus des droits d’inscription exorbitants. Ils sont visiblement contre une université élitiste qui prône la compétitivité. Ils devinent plus ou moins que dans cette logique, l’université de Perpignan ne pèsera pas lourd, compte tenu du contexte économique local.

Finalement, ils font les marionnettes en signe d’approbation et la plupart d’entre eux votent la reconduction du mouvement, au moins jusqu’à la prochaine AG.

Roger Hillel (Travailleur Catalan)