jeudi 15 novembre 2007

Article de presse (Travailleur Catalan)


Cheminot, gaziers, électriciens, étudiants, le trait d’union...

Mercredi 14 novembre, première jonction entre étudiants et grévistes de l’Energie et des transports publics. Ils dénoncent des mesures gouvernementales différentes mais portées par la même logique. Ils ont voté, selon des procédures transparentes, la poursuite de leurs mouvements.

« Les étudiants sont porteurs d’avenir, c’est à eux d’ouvrir le cortège qui va se rendre Place de Catalogne », c’est un des responsables CGT qui en fait la proposition alors que plusieurs centaines de salariés grévistes, rejoints par un nombre conséquent d’étudiants, sont rassemblés devant le centre EDF-GDF de la route de Prades.

Nous sommes le mercredi 14 novembre, 10h30. Un peu plus tôt, les cheminots se sont regroupés dans une gare totalement déserte (et pour cause, 75% de grévistes dans le département), puis après une brève prise de parole, sont allés retrouver leurs camarades électriciens et gaziers.

Puis, à 11h, c’est au tour des étudiants de faire la jonction, après avoir défilé depuis la place de Catalogne. « Nous luttons les uns comme les autres contre l’injustice, voilà notre trait d’union », déclare l’orateur cégétiste, « nous, c’est contre la suppression de nos régimes spéciaux de retraite ; vous, c’est contre la privatisation de l’université ». « Privatisation », un mot qui fait tilt chez les salariés de ces secteurs toujours aux aguets contre cette menace qui pèse en permanence sur les services publics de l’énergie et des transports.

Quelques minutes avant, le porte-parole des étudiants avait été vivement applaudi : « Nous venons de jeter un premier pont avec les travailleurs » avant de lancer « fac fermées aux intérêts privés, fac ouvertes aux enfants d’ouvriers ». D’aucuns trouveront le slogan un peu « naïf » mais les grévistes qui savent faire la part des choses, n’hésitent pas à reprendre le slogan.

Le syndicaliste FO se taille un franc succès avec son : « Nous sommes pour que les 37,5 heures soient étendues à tous les salariés ». La syndicaliste CFDT parle d’un « climat social tendu par la faute du gouvernement ». Son camarade de la CGT-cheminot en appelle à tous les salariés : « Nous sommes ici ensemble, avec les gars de l’EDF-GDF, avec les étudiants. Nous le serons le 20 novembre avec ceux de la fonction publique. Nous souhaitons que les salariés du privé viennent nous rejoindre ».

Cela fait chaud au cœur et malgré le vent glacial, plus de 1000 manifestants se rendent dans la bonne humeur place de Catalogne et l’investissent un long moment.



Les étudiants votent la reconduction de leur mouvement

On comprendra sans peine que ce début de jonction avec les travailleurs avait une valeur symbolique pour les étudiants opposés à la loi Pécresse. Savoir que leurs arguments sont partagés peu ou prou par le monde du travail conforte les certitudes et incite à les faire valoir de façon apaisée. Le déroulement du rassemblement de plus de 1500 étudiants dans l’espace central de l’université en a été l’illustration.
Tout a tourné autour de « blocage ou pas », étant entendu que pour la majorité le blocage est la seule arme disponible dès lors que l’on demande l’abrogation de la loi. On a beaucoup applaudit, un peu conspué, mais tous les intervenants ont été respectés, même ceux qui se présentaient sans complexe comme étant politiquement de droite.
Il est évident que le mouvement a acquis la maturité qui permet de concilier les envolées lyriques, les propos très politiques, l’humour juvénile et même les propos cocasses. Cela dit l’opposition entre les deux camps s’est radicalisé et lorsque l’on est passé au vote par comptage de chaque votant muni de sa carte d’étudiant, le résultat a été le suivant : 896 pour le blocage contre 626.

Le mouvement se poursuit et les étudiants auront été heureux de savoir qu’au même moment se déroulait l’AG des cheminots qui a voté à bulletin secret pour la reconduction de la grève par 204 voix sur 209 votants. Jeudi donc piquets de grève sur les différents chantiers et rassemblement à 9 h dans le hall de la gare.
Roger Hillel